Trouville sur mer
Au 19ème siècle, la bonne société parisienne fréquente les bains de mer et participe à leur promotion. Dès 1830, Trouville est une des premières stations balnéaires à accueillir cette élite.Patients aisés affaiblis par les nuisances de la ville peuvent désormais profiter des bains de mer et activités de plein air, tout en conservant une vie mondaine.
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En moins d’une heure on parvint au port de Trouville, et comme c’était le moment du bain, Pierre se rendit sur la plage. De loin, elle avait l’air d’un long jardin plein de fleurs éclatantes. Sur la grande dune de sable jaune, depuis la jetée jusqu’aux Roches noires, les ombrelles de toutes les couleurs, les chapeaux de toutes les formes, les toilettes de toutes les nuances, par groupes devant les cabines, par lignes le long du flot ou dispersées ça et là, ressemblaient vraiment à des bouquets énormes dans une prairie démesurée. Et le bruit confus, proche et lointain des voix égrenées dans l’air léger, les appels, les cris d’enfants qu’on baigne, les rires clairs des femmes faisaient une rumeur continue et douce, mêlée à la brise insensible
et qu’on aspirait avec elle. (...)
Il allait maintenant, frôlant les groupes, tournant autour, saisi par des pensées nouvelles. Toutes ces toilettes multicolores qui couvraient le sable comme un bouquet, ces étoffes jolies, ces ombrelles voyantes, la grâce factice des tailles emprisonnées, toutes ces inventions ingénieuses de la mode depuis la chaussure mignonne jusqu’au chapeau extravagant, la séduction du geste, de la voix et du sourire, la coquetterie enfin étalée sur cette plage lui apparaissaient soudain comme une immense floraison de la perversité féminine. Toutes ces femmes parées voulaient plaire, séduire, et tenter quelqu’un. Elles s’étaient faites belles pour les hommes, pour tous les hommes, excepté pour l’époux qu’elles n’avaient plus besoin de conquérir. Elles s’étaient faites belles pour l’amant d’aujourd’hui et l’amant de demain, pour l’inconnu rencontré, remarqué, attendu peut-être.
Guy de Maupassant, Pierre et Jean (1888)
Trouville - Eugène Boudin - 1864
Port de Trouville - Eugène Boudin - 1864
"Je ferai autre chose, mais je serai toujours le peintre des plages". - Eugène Boudin à son frère, 1865.
Marché à Trouville - Eugène Boudin - 1876
La tour Malakoff et la plage de Trouville - Eugène Boudin - 1877
Trois cent peintures marines d'un genre nouveau seront éxécutées à Trouville par Eugène Boudin entre 1860 et 1896, illustrant le thème des plages, des activités en plein air et paysages associés.
Scène de plage à Trouville - Eugène Boudin - 1881
La plage de Trouville - Eugène Boudin - 1884
"Nager en plein ciel, arriver aux tendresses des nuages, suspendre des nappes, au fond bien lointaines dans la brume grise, faire éclater l'azur ". E. Boudin
Trouville, vue générale de la plage - Eugène Boudin - 1890
Monet s'installe à l'hôtel Tivoli de Trouville avec jean, son fils, et Camille qu'il vient tout juste d'épouser, en juillet 1870. Dans le même mois, la déclaration de guerre avec la Prusse vient d'être signée mais ne perturbe pas pour autant l'ambiance estivale. Les drapeaux tricolores flottent devant l'hôtel des Roches-Noires, seuls témoins de cette crise. Mais l'humeur reste légère. Eugène Boudin, habitué des lieux, accompagné de son épouse Marie-Félicité, rejoint son ami Monet le mois suivant. Il règlera la note de l'hôtel, Monet s'échappant en septembre vers l'Angleterre, où il fera une rencontre essentielle, celle du marchand d'art Paul Durand- Ruel.
Plage à Trouville - Claude Monet - 1870
Plage à Trouville - Claude Monet - 1870
L'hôtel des Roches Noires - Claude Monet - 1870
Camlile à la plage de Trouville - Claude Monet - 1870
Falaise près de la mer à Trouville - Gustave Caillebotte - 1880
Sa passion pour la voile et les régates mène Gustave Caillebotte à Trouville dès 1880. L'année suivante, il est admis à la Société internationale des régates de Trouville-Deauville et participe à de nombreuses courses. Lors de ses différents séjours, il réside à la Villa italienne, au Chalet des fleurs ou encore à l'hôtel de Paris. Contrairement à ses amis peintres plus attirés par les mondanités , Caillebotte fera une trentaine de toiles ayant pour thème le paysage et l'architecture du bord de mer, les villas étant "les vrais monument de Trouville".
Villas à Trouville - Gustave Caillebotte - 1882
Villas à Trouville - Gustave Caillebotte - 1884
La Villa Rose, Trouville - Gustave Caillebotte - 1884
Villas à trouville - Gustave Caillebotte - 1888
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